«Les Rolling Stones ont écrit la bande-son de mon existence», raconte Dominique Tarlé, un brin nostalgique. Devenu photographe officiel du groupe, en 1971, il est alors invité à la villa Nellcôte de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), louée par le guitariste Keith Richards pour sa tribu. Il y reste six mois à capturer, boîtier en main, les moments intimes.
Racontez-nous votre rencontre avec le groupe…
« C’est une histoire sans fin, les Rolling Stones. La première photo que j’ai faite de ma vie c’est celle des Beatles en 64. J’ai continué à photographier les artistes anglais qui passaient à l’Olympia : les Stones, The Animals… Petit a petit, je me suis aperçu que les photos de concerts ne me suffisaient pas. Je voulais quelques chose de plus intimiste : aller dans les backstages etc… Que les gens s’habituent à ma présence.
Comment faisiez-vous, justement, pour vous faire oublier ?
Le photographe fait en fonction de sa personnalité. Il y a des photographes qui s’imposent, qui se jettent à la figure de leurs modèles. Mon truc, c’est de me transformer en table basse ou en double rideau. C’est pas moi qui le dit, c’est Keith Richards, dans l’introduction de mon livre « Exile » : « Dominique, on oubliait totalement qu’il était là. Je n’ai jamais réalisé qu’il travaillait autant. » Alors qu’il est parfaitement conscient de tout ce qu’il se passe autour de lui. Mon truc, c’est de m’effacer de façon à ce que les gens aient l’attitude la plus naturel possible. D’ailleurs, dans la plupart de mes clichés, jamais les gens ne regardent l’objectif.
Quel est le contexte de cette série de photos ?
J’apprends que les Stones s’exilaient dans le sud de la France. Je prends contact avec eux, je descends dans le sud, je vais dans un hôtel et je dis à leur entourage que je ne pourrais pas rester des lustres. On me donne l’adresse et on me dit d’y aller. Les Stones ont toujours un staff qui s’occupe de leur vie professionnelle et privée. Je me pointe à la villa Nellcôte, louée par Keith. Je suis accueilli très simplement comme si j’avais toujours été là. A cette époque, ils n’ont plus rien : ils ont perdu tout leur avoirs financiers, ils ne touchent plus les droits de leurs chansons et le fisc britannique essaie de les anéantir.
Comment vous-êtes vous intégré à la villa ?
Le climat, pour moi, c’était le paradis sur terre. Cette villa, à elle-même, a déjà une histoire considérable. Les portes étaient ouvertes, ils n’ont jamais trouvé les clefs pour les fermer… Je suis venu pour une demi-journée. On m’accueille gentiment, je fais mes photos, je reste pour dîner le soir et puis vers 23h, je remercie tout le monde pour l’accueil et cette journée fantastique et m’apprête à partir. A ce moment-là, ils me regardent avec des yeux comme des soucoupes et me disent « ta chambre est prête ». Et je suis resté six mois sans qu’on me pose aucune question. Pendant six mois, je n’ai pas pu présenter mon travail parce qu’il n’y avait pas de laboratoire photo dans le sud de la France.
Quel était l’objectif de ces photos ?
Ce qui m’intéressait, c’était la musique et la photo. Comment se fabrique la musique populaire ? En fin de compte, peut-être que le désir du photographe est de ne pas mourir idiot. J’avais besoin de voir comment des gens qui avaient un , deux ou trois ans de plus que moi, étaient capables de produire spontanément une musique qui nous touchent tous. Il n’y avait pas d’écriture : en chemin, pour le studio, en descendant les quelques marches qui séparent la salle de séjour et la cave du studio, Keith a une idée de riff, prend sa guitare et commence à jouer. Les autres accrochent ou n’accrochent pas. Une bonne chanson, pour eux, si en cinq minutes elle n’est pas faite, on perd son temps. A partir du moment où ils jouent, tout est enregistré. Car ils ne savent jamais ce qu’ils vont garder.
Vous êtes-vous censuré à certains moment ?
Des moments de censure ? Non, absolument jamais. Ça c’est le choix du photographe. Je ne suis pas un photographe directif, je ne dis pas au gens « mets-toi là, pour prendre la lumière » etc. Je ne suis pas un créatif, je suis un contemplatif. Je travaille avec discrétion. Par contre, le seul droit que je m’accorde, c’est d’appuyer ou non, sur le bouton. Mais je n’avais pas de raison de m’autocensurer . On a dit que cette période, pour les Stones, était leur période la plus décadente : je ne l’ai pas du tout vécue comme ça. La villa était remplie de gosses, d’animaux, l’ambiance était fantastique, dans une belle maison, pendant l’été. Ils invitaient tous les copains qui avaient des gamins à venir. Comment voulez-vous que ce soit glauque quand les gamins viennent sauter sur votre lit à 9 du mat’ pour vous demander de les emmener au zoo ?
Pourquoi ces photos on été publiées en France si tard ?
C’est de votre faute (rires) ! D’abord mes photo n’ont jamais été en agence car je considère que ce sont mes photos de famille. Je les ai présentées à des journaux, qui m’ont demandé d’illustrer des articles qui disaient le contraire de mes photos. Mes photo montraient une ambiance plutôt cool et idyllique. Les articles, eux, parlaient de drogue, de violence, de cul… c’était glauque. Et pas du tout ce que j’avais vécu. Donc je les ai mis dans un carton et je me suis dit que je les sortirais quand les gens seront moins cons. Ensuite, j’ai eu la chance d’être contacté par un éditeur de livre d’art anglais (un des meilleurs amis de Georges Harrison et Éric Clapton). On a fait un ouvrage qui s’appelle « Exile », qui s’est vendu en huit mois. »
Margaux Duquesne, pour Libération, en juillet 2009, à l’occasion de son exposition «Rocks off» à la Galerie de l’Instant, 46, rue de Poitou, 75003 Paris.
Pkoi jamais vu en France ? C de votre faute ! d’abord mes photo n’ont jamais été en agence car je considere que ce sont mes photos de famille. Je les ai présenté à des journaux, qui m’ont demandé d’illustrer des aticles qui disaient le contraire de mes photos. Photo montraient une ambiance plutôt cool et idyllique. Les articles : fdorgue, violence, cul…ct glauque. Et ct pas ce que j’avais vécu. Donc je les ai mis ds un carton et je me suis dit que je les sortirais quand les gens seront moins cons.
J’ai eu la chance d’etre contacté par un éditeur de livre d’art anglais (un des mielleur ami de georges harriosn et eruic clapton). On a fait un ouvrage qui s’apelle « exile ». vendu en huit mois.
Posted on 30 octobre 2010
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